Il est bien difficile de parler de cette maladie qu’est l’anorexie. Notre collègue propose ici
le récit en images et en mots d’un parcours personnel sublimé par la peinture et l’écriture.
Les œuvres de Valérie GUÉRIN sont éclairées par des témoignages de proches ou de personnels
soignants qui la connaissent ou ont été frappés par la profondeur de son travail plastique.
Cet ouvrage mosaïque rassemble ainsi poèmes, réflexions, exposés scientifiques complétés de
bibliographies judicieuses, autour d’un entretien avec l’artiste qui y exprime sa volonté de
pouvoir aider d’autres personnes par son témoignage et son expérience. Car, comme le dit Marcel
Rufo dans sa préface : « l’anorexie [étant] un trouble de l’image de soi, […] le dessin,
la représentation de soi est une reconquête ».
Blanche SCHMITT-LOCHMANN
L’Agrégation n°448 Novembre-Décembre 2010
L’anorexie « croquée »
[…] Comme l’exprime la psychanalyste Claude Sternis,
« cette œuvre impressionne, touche par
sa sensibilité et le courage de la démarche de son auteur, mais aussi par son épure, sa force
suggestive et sa beauté graphique ».
Pourquoi les dessins de Valérie Guérin nous touchent-ils tant ? s’interrogent des contributeurs
de cet ouvrage.
« Parce que cette artiste a su exprimer une représentation de la condition
humaine en réalisant ces autoportraits. Cette mise à nu, ce dépouillement de l’orgueil des
vivants soulèvent une émotion intense. Dès que notre regard rencontre le sien si pur, ses yeux
apparaissent tels deux miroirs reflétant notre questionnement sur l’être et sa place au monde, jeu subtil de transparence et intériorité qui ébranle nos certitudes. L’écho de cette mort qui rôde autour de ce corps féminin ne cesse de résonner en nous glaçant d’effroi. L’absence délibérée de vêtements, de bijoux comme une manière de dire : voilà où j’en suis à cet instant précis et vous, où en êtes-vous ? ».
Ces dessins en effet nous vont droit au cœur, dégageant à la fois une grande fragilité mais
aussi un élan vital par la force du trait et sa maîtrise. Ce n’est pas le réalisme de la
représentation qui prime mais plutôt le rendu artistique, touchant et gracieux, d’une
souffrance humaine qui s’en trouve transcendée.
Bernadette GONGUET
Santé mentale n°151 Octobre 2010
Patrick Navaï, le langage de l’art
[…] On ne s’étonne pas davantage de sa participation à l’ouvrage Valérie Guérin, carnet de
vies : une traversée picturale et humaine de l’anorexie dont la récente publication est un
audacieux et ô combien généreux pari. Patrick prête sa plume à Valérie. Il accompagne ainsi
la grâce et la pureté du trait de crayon de ses autoportraits, dans un élégant pas de deux
qui réussit l’exploit de capter notre regard, de nous amener à regarder, à voir et à s’extasier.
Une performance à nous faire franchir la frontière du monde de l’anorexie, par nos peurs
repoussé au plus loin de nous-même. Pas de surprise non plus à ce que Patrick soit au sein de
cette entreprise collective qui réunit, dans une démarche similaire à la sienne, Cécile Bailly
du Bois et Gilbert Ray, dans un apport thérapeutique, les compétences de professionnels dont
Claude Sternis, directrice de formation à Asphodèle, psychologue clinicienne, psychanalyste.
La préface est de Marcel Rufo. Quant à l’édition, elle revient à Michel Blondeau, président
et fondateur de l’association Utopsya, dont les publications témoignent d’un inébranlable
combat, celui d’œuvrer à ce que l’Art soit au service de la Vie, qu’il soit perçu à sa juste
dimension, c’est-à -dire comme les battements de cœur de tout ce qui, sans discrimination,
vit, vibre et meurt.
Anne-Marie BENCE
Missives n°258 Septembre 2010