Valérie GUÉRIN dessine et peint depuis l´enfance. Obstinément et délibérément
autodidacte, elle assume par ailleurs les inévitables et nombreux aléas d´un parcours artistique
soumis aux exigences de sa vie professionnelle. Il semble pourtant que cet affrontement aux
réalités quotidiennes, bien loin de tarir l´inventivité de l´artiste, lui ait régulièrement
ouvert de nouveaux champs d´inspiration. En témoigne la diversité des thèmes abordés sur ce site,
laquelle n´épuise pas la richesse d´une oeuvre multiforme, d´ores et déjà saluée par des publics
et des jurys très éclectiques.
Diversité mais surtout complexité d´un univers secret au sein duquel s´affrontent
dans une dualité paradoxale la tendresse lumineuse d´un vivifiant
humour et la sourde violence d´une angoisse mortifère. Cette opposition récurrente,
particulièrement sensible dans les représentations du monde animal trouve son point
d´orgue dans la pratique du dessin. Il suffira de confronter les courbes sensuelles et
les souples tracés de Secrets d´oiseaux aux fractures et tensions des croquis illustrant Carnet de vies,
pour saisir sous chaque occurrence le vivant symbolisme de l´interprétation graphique. Parallèlement
à cette approche, l´extrême sobriété de l´oeuvre peint
se fonde sur une étonnante économie de moyens. La matité du médium appliqué sur la toile en
couches minces fortement diluées de white spirit convient aux couleurs froides et aux tonalités sourdes d´
une palette accessoirement relevée d´or pâle ou de plages mordorées. Les couleurs plus vives de
l´aquarelle, dont les étendues compactes défient les lois du genre, se concentrent entre les contours
appuyés d´un tracé précis qui évoque à nouveau l´irrépressible
émergence du dessin.
C´est effectivement dans ce domaine que se profilent d´ores et déjà les
orientations les plus signifiantes de l´oeuvre en devenir. Dès
les années 2000, le graphisme dense et le minutieux réalisme des premières encres s´effaçaient
derrière la virtuosité d´un trait pur, dans une perspective parfois très proche de l´univers
fantasmatique de la BD. Plus récemment la vaste collection des Zébrures, en inscrivant
sur la blancheur des cansons l´énigmatique sophistication de ses inextricables réseaux
d´encre noire, orientait le regard vers une appréhension purement abstraite du motif,
avant de permettre à l´observateur attentif une interprétation proprement figurative.
Enfin dans l´immédiate actualité de l´oeuvre, les variations Autour du Cirque -
dont l´artiste n´a pas encore fini d´épuiser la richesse - ouvrent à l´abstraction le
champ
encore inexploré du trait interrompu : invitant l´oeil à combler la soudaine vacuité d´une
courbe à peine ébauchée et livrant à la liberté du regard le dynamisme d´un
élan tendu vers
un improbable équilibre, l´art touche ici au coeur même de l´épure.
C´est sur ce tournant décisif que s´ouvre notre site. Nous y suivrons
l´évolution d´une oeuvre qui n´a pas fini de surprendre.